Professeur Christophe Cellier
Le 19 janvier 2012, l’équipe du PIVT a rencontré le Professeur Christophe Cellier, président de la collégiale d’Hépato-Gastro-Entérologie, et président de la Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED).
Le professeur Cellier nous a présenté un état des lieux en matière d’innovation médicale en endoscopie digestive.
Trois innovations, actuellement en cours d’étude, semblent se profiler dans ce domaine, les 2 premières étant des alternatives à la coloscopie classique et à la coloscopie virtuelle.
- La première, la vidéo-capsule endoscopique du colon (ou vidéo-capsule colique) représente une alternative à la vidéo-coloscopie en cas d’échec ou de contre-indication à la coloscopie classique. Cette technique, effectuée en ambulatoire et sans anesthésie, consiste à ingérer une capsule intégrant une caméra vidéoendoscopique miniaturisée à usage unique, qui recueille et transmet à un système de traitement informatique des images endoscopiques. En lien avec la HAS qui a déjà reconnu l’utilité du dispositif pour 2 indications (la suspicion de maladie de Crohn de l’intestin grêle et les saignements digestifs inexpliqués), une étude de la SFED et de l’Observatoire National de l’Endoscopie par vidéo Capsule Colique (ONECC) est en cours, en partenariat avec l’industriel.
- La deuxième innovation abordée est l’Endomicroscopie Confocale par Minisonde (ECM). Cette technique permet la microscopie in vivo en temps réel au niveau cellulaire et la réalisation de « biopsies optiques » afin de visualiser les glandes et les cellules épithéliales de l’intestin et d’identifier la nature des lésions. Elle a fait l’objet d’un STIC déposé à l’INCa ainsi que d’une étude d’évaluation des technologies de santé de la HAS en novembre 2011.
- Enfin, le traitement endoscopique de la dysplasie sur endobrachyoesophage par radiofréquence œsophagienne fait l’objet d’un PHRC national retenu en 2009 (dysplasie de bas grade) et d’un STIC (dysplasie de haut grade, en comparaison avec la chirurgie œsophagienne). . Cette technique est déjà prise en compte et remboursée au Royaume-Uni, mais reste difficile d’accès en France..
Le Professeur Cellier a également mentionné l’existence de technologies aux études plus abouties mais non remboursées à l’heure actuelle.
- Tout d’abord, la dissection sous-muqueuse endoscopique de tumeur du rectum, de l’estomac ou de l’œsophage. Il s’agit d’une technique mini-invasive par voie endoscopique permettant la résection de tumeurs à l’aide de bistouris spécifiques. Cette technique efficace, référence au Japon, mais encore en développement en Europe, fait l’objet d’une évaluation prospective médico-économique dans le cadre d’un AAP INCa pour les tumeurs rectales superficielles (Coordination AP-HP)..
- La seconde technologie est l‘entéroscopie à double ballonnet. Cette technique permet l’exploration de la totalité de l’intestin grêle en combinant les explorations par voies hautes et basses. En utilisant un surtube doté d’un ballonnet gonflable associé à l’entéroscope inséré dans l’intestin grêle, il est possible après gonflement de leur ballon respectif, d’empiler l’intestin et ainsi de traiter les lésions hémorragiques ou les polypes du grêle, jusqu’alors inaccessibles. Cette technologie a fait l’objet d’un STIC démarré en 2005 sur 14 centres en France dont les résultats avec un suivi à 1 an sont disponibles. Ils montrent que cette technique, couplée avec la videocapsule du grêle, présente un intérêt très significatif pour l’exploration et le traitement des hémorragies de l’intestin grêle.
Pour le Professeur Cellier, l’endoscopie représente une part importante de la nouveauté médicale en Hépato-gastro-entérologie, mais la part des investissements dans les hôpitaux publics reste faible comparée à celle du secteur privé.
En matière d’innovation, le Professeur Cellier a identifié plusieurs domaines.
- pour le diagnostic, la tendance est à la miniaturisation, avec par exemple la vidéocapsule endoscopique pour le colon. Il est ainsi possible de réaliser une exploration quasi-intégrale du tube digestif.
- pour le traitement, les technologies sont à présent plutôt tournées vers le mini-invasif et le traitement très précoce du cancer. Le traitement palliatif, quant à lui, a vu apparaître les prothèses, biliaires et pancréatiques. Les biothérapies et des thérapies ciblées se sont également développées en cancérologie digestive et dans les maladies inflammatoires intestinales. Enfin, dans le domaine de l’hépatologie, le traitement actuel de l’hépatite C permet d’estimer qu’à 10 ans, il n’y aura pratiquement plus de cirrhose dues à l’hépatite C mais plutôt dues à l’alcoolisme ou au surpoids.
Nous remercions le Professeur Cellier pour son aimable participation.